Computer Arts magazine
Un passionné du photomontage révèle sa formule : « un tiers de création, un tiers d’iconographie et un tiers de réalisation ».
Interview et portfolio Laudator par Pascal Carpentier
Mot latin tiré d’un poème de Horace (65-8 av. JC), Laudator signifie « celui qui fait la louange ». S’il est un clin d’œil à l’aspect commercial du métier, ce pseudonyme dépeint surtout les certitudes d’un artiste hors normes. « En effet, il symbolise mes débuts difficiles dans le numérique ; beaucoup d’obstacles se dressaient devant moi, personne ne croyait en mes chances de succès. D’autre part, l’œuvre où figure ce mot évoque le blocage des Anciens par rapport aux nouveautés. Le débat est toujours d’actualité. » Sorti de l’école Louis Lumière, il devient photographe et réalise des reportages qui, forts de leur consistance et de leurs richesses, ornent plusieurs parutions.
C’est l’occasion de voyager en Europe, au Canada, de s’imprégner des différentes cultures, notamment des interventions artistiques éphémères.
» Les théâtres de rues, les arts plastiques, les performances offrent une autre approche culturelle. L’acteur prend en compte le mouvement et la diversité de son auditoire. L’avantage du lieu public est d’obliger l’artiste à ne jamais faire deux fois le même spectacle. »
Illustrateur depuis six ans, Laudator privilégie le photomontage. La technique se présente à lui comme étant le moyen le plus prolifique de confronter les éléments et d’aboutir non à une image mais à une proposition d’image.
Beaucoup de ses travaux touchent aux nouvelles technologies: nouvelle économie, médecine du futur… C’est naturellement qu’il collabore avec les magazines qui traitent de près ou de loin de ces sujets : Epok, Le Monde Interactif, NewBizz…Le challenge n’est pas d’illustrer un article dans un sens littéral. Il faut y apporter une part d’imaginaire, au risque que l’image se résume à un vulgaire schéma.
Laudator travaille surtout dans la publicité, l’édition et la presse, secteurs dont les délais sont plus ou moins courts. Il a résolu l’aspect fastidieux du photomontage en indexant tous ses visuels. « En technique traditionnelle, l’assemblage d’images est trop lent. Les disques durs n’ayant quasiment plus de limites, je dispose à peu près de 50 000 à 100 000 images, répertoriées en catégories. Je travaille beaucoup avec la presse quotidienne, qui autorise généralement des délais de 24 heures pour fournir un rough. L’agencement des images me fait gagner du temps et augmente ma réactivité. La construction d’un photomontage représente un tiers de création, un tiers d’iconographie et un tiers de réalisation. »
Laudator croit aux discours traditionnels et aux nouveautés. Ainsi, la croisée des chemins doit solliciter un savant mélange d’idées pour mieux comprendre des sujets d’actualités tels les progrès du clonage ou la chirurgie esthétique. Technologies qui conservent, de près ou de loin, une relation étroite avec l’image.
Malgré le sérieux des sujets qu’il doit illustrer, l’artiste parisien avoue se diriger dans la légèreté. Un élément essentiel s’il veut conserver la touche d’imaginaire. Il n’hésite pas à s’autocensurer lorsqu’il se sent trop proche de la réalité.
Avec d’autres artistes, il a formé un collectif de compétences. Les clients font souvent appel à l’hyperréalisme, la 3D ou le montage d’images. Si bien que les illustrateurs sont souvent en concurrence. En mariant les savoir-faire et en produisant des images hybrides qui bousculent les conventions, cette association de talents a répondu à la demande.
Finalement, et si Laudator en langage informatique signifiait: « Celui qui crée plus loin » ?
Magazine Computer Arts
Interview Pascal Carpentier – Avril 2004