CréaNum Le magazine de la Création
Laudator a conquis une place à part dans le monde des illustrateurs. Spécialisé dans l’assemblage et le photomontage pour la publicité, l’édition ou la presse, il a su concilier avec succès ses talents de photographe à une créativité débridée.
Laudator « Colleur numérique »
Interview par Karine Warbresson
Après un passage à l’école de photographie Louis Lumière et à l’ACE3P, Laudator se lance dans la photo de magazine. Son pseudonyme, terme latin tiré d’un poème de Horace « celui qui fait la louange », a été choisi en clin d’œil à l’aspect mercantile de son métier ; savoir se vendre et se remettre en question font aussi partie des qualités de l’artiste. Si personne n’a réellement cru en l’avenir de Laudator à ses débuts, mal leur en a pris, puisque cet illustrateur atypique et polyvalent collectionne depuis maintenant sept ans les collaborations prestigieuses dans son domaine de prédilection, le photo-collage.
Après des premiers pas réussis dans le domaine de l’édition, avec près d’une centaine de couvertures réalisées sur des livres d’épouvante / fantastique aux éditions Fleuve Noir, Laudator sème son talent dans d’autres domaines tels que la communication institutionnelle, la presse, l’édition et la publicité.
S’il avoue ne pas avoir de réels sujets de prédilection, ses collaborations tournent néanmoins principalement autour des thèmes de la science, de l’innovation et des nouvelles technologies. Parmi ses clients, de nombreux titres de presse écrite : Le Monde Interactif, Science et vie, Epok, New Bizz ou Futur(e)s Magazine, mais aussi de grandes entreprises françaises, dont Citroën, pour laquelle il a réalisé affiches et plaquettes publicitaires pour le Mondial de l’Automobile.
Une réserve iconographique foisonnante
Après plus d’une quinzaine d’années passées dans le domaine de l’image, Laudator s’est constitué une véritable réserve photographique et iconographique, destinée à alimenter son travail. « Je fais bien attention de toujours contrôler personnellement cette étape de mon travail qui concerne l’iconographie et qui va me servir à la réalisation de mes photomontages. Ne serait-ce que pour la question des droits d’utilisation, problème délicat aujourd’hui avec le nombre toujours plus important de diffusion d’images. J’ai eu une fois le cas d’un client qui m’avait fourni, en toute bonne foi, un ensemble de photos à utiliser pour des photomontages dont il n’avait plus les droits d’utilisation. J’ai dû reprendre toutes mes images, les unes après les autres, deux jours avant la deadline, pour incorporer les nouveaux visuels. »
Aujourd’hui, Laudator dispose de plus de 80 000 photos qui sont numérisées, indexées et informatisées dans un logiciel de gestion d’images, afin d’offrir une réactivité et une richesse de contenu plus importante dans la réalisation de ses illustrations. Un studio de prise de vue numérique intégré complète également ce fond photos, et il lui arrive même d’effectuer des achats directement auprès de banques d’images extérieures. Dans certains cas, plus rares, les images sont fournies directement par le client, particulièrement s’il intervient dans un secteur de métier très pointu où les photographies ne sont pas toujours faciles à réaliser.
Genèse d’une idée
La recette miracle de ses réalisations ? 1/3 de création, 1/3 d’iconographie et 1/3 pour la réalisation du photomontage. Quant à ses sources d’inspiration, Laudator les résume en une phrase « le plus souvent en regardant autour de moi ! Voir, entendre, ressentir les gens, les lieux les moments ou les atmosphères. Je crois que cela restera toujours ma principale source d’inspiration. »
Il ne néglige pas pour autant les nouveaux supports de communication comme le Web avec sa multiplicité de sources, officielles ou non. Chacun s’y exprime, communique et le dialogue n’en est alors que plus enrichissant. « Cette semaine, je suis en train de réaliser la couverture d’un magazine scientifique sur le thème des nanotechnologies dans le domaine de la médecine. Ces fameuses « nanobombes » détruisant tout sur leur passage, et en particulier les cellules malignes du cancer. La recherche on-line faite sur le sujet m’apporte un véritable éventail de point de vue et cela me permet de prendre un certain recul pour la réalisation de ma couverture. »
Une fois l’idée retenue, reste à la matérialiser. Elle se construit généralement à partir de quelques roughs crayonnés rapidement sur un carnet à spirale, ou, le plus souvent, sous forme de collages plus élaborés à l’écran. Après un premier écrémage avec le client, se succède alors la phase de recherche et /ou de fabrication des éléments iconographiques qui vont être utilisés dans l’image finale. A l’artiste de s’adapter ensuite au besoin du client. Recherche au sein de sa banque d’images photographique, prises de vues photos numériques studio ou extérieur, scans directs d’objets, de matières mais aussi réalisations graphiques originales en 2d ou 3d… les sources des différents composants sont multiples et variées.
En presse et en édition de livres, la marge de créativité est souvent totale. En revanche explique Laudator, « dans le domaine de la publicité, le sens de l’image est déjà en très grande partie déterminé et validé par l’agence, avec le client à la commande de l’illustration. Mon « plus » créatif s’exerce alors sur mon style propre, la forme qui va être donnée au message »
Ce virtuose du Photoshop qui a démarré avec un Mac, et la première version du logiciel, une béta 0,7us, n’a pas abandonné son logiciel favori. Il s’avoue d’ailleurs assez satisfait de la dernière version de la Creative Suite d’Adobe, qui, «indépendamment de particularités intéressantes, comme l’outil point de fuite, ou la déformation 3d, pour le packaging virtuel, propose un meilleur confort et une nette amélioration dans la gestion du travail. Ce n’est pas une révolution mais une petite évolution dans le travail au quotidien.»
Evoluer, c’est ce que souhaite également apporter l’artiste à son travail grâce à de « nouvelles aventures graphiques », prévues prochainement. Nouveaux supports, nouveaux clients, Laudator n’aime pas rester sur ses acquis, et le Web lui a même permis de s’exporter à l’international, avec des commandes d’image à la vente de galeries d’art en Angleterre ou à Barcelone. A suivre…
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Interview et portfolio Karine Warbresson – Octobre 2005