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Le domaine de prédilection de ce virtuose de l’image sur Photoshop reste l’illustration de presse, la publicité et l’édition

    Magazine laphotographie.com

    De par sa façon de travailler l’image, Laudator est ce que l’on pourrait appeler dans le jargon du métier un photo-graphiste . Diplomé de l’ACE3P et de l’Ecole Louis Lumière, il exerce ses talents dans le milieu profesionnel depuis une quinzaine d’années.

    Interview par Thierry Comparato et Mathieu de France

    Le domaine de prédilection de ce virtuose de l’image numérique sur Photoshop reste l’illustration de presse, la publicité et l’édition, même s’il aspire depuis quelques temps à quelque chose de plus fou, une incursion dans le monde de la 3D à partir de documents photos et des projets avec ce qu’il appelle l’encre numérique.

    En outre l’outil Internet lui a permis depuis quelques années, d’améliorer de façon non négligeable sa productivité, et ce à plusieurs niveaux. D’une part son site laudator.com, sert de premier contact avec d’éventuels clients, le courrier électronique lui permet de rester en relation avec les directeurs artistiques, pour les travaux en cours, lui évitant des déplacements.

    Le photomonteur sollicite d’autre part de plus en plus les banques d’images spécialisées, pour complèter le fond iconographique de quelque 35000 images qu’il s’est constitué. Tout est soigneusement référencées et indexées sous Cumulus. C’est autant de temps gagné pour la créativité. Assurant sa propre veille technologique, il a également lancé avec nombre de ses amis artistes un site portail sur l’art visuel, appelé ArtPortail.

    Nous vous invitons à découvrir l’interview, écrit et vidéo, que nous a aimablement accordé le photographe.

    Quelle relation entretenez-vous avec l’outil numérique ?

    Le mot est assez juste, dans la mesure où je le considère comme un outil, au même titre qu’un appareil photographique. Une fois la technique acquise, tu peux commencer à l’oublier et te servir de l’ordinateur et de la tablette pour construire ton image.

    Illustration, Magazine Science & Vie Junior

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    Quelle sont les différentes étapes de votre travail ?

    En général pour les images de commande, publicité, presse, tout commence par un brief oral ou par e-mail. A partir de là, j’ai une réflexion une recherche de documentation. Je vais chercher le concept sur des croquis. La feuille de papier, le crayon et la gomme sont mes outils de base pour la réflexion. C’est à dire qu’à partir de là je sélectionne ce qui correspond le mieux. J’ai de nouveau une discussion avec le client afin de voir que je ne me suis pas éloigné du concept. A partir du moment où nous nous sommes mis d’accord je commence la phase de création numérique. Je réalise les premiers rufs numériques. Ce n’est pas innocement que l’on parle de crayonné. Actuellement les interfaces numériques ne sont pas assez réactives dans la partie de la recherche du concept. C’est la raison pour laquelle le crayonné reste une étape importante entre l’idée et le résultat final. Le passage du croquis à l’outil numérique me permet d’exprimer le concept.

    Quelles sont les sources, les parties que vous intégrez dans vos photo-montages ?

    J’ai 3 sources d’acquisition. Je peux acquérir les images par scan. A la manière d’un peintre, je commence toujours par mon fond, en scannant des textures. C’est à dire que je vais scanner des objets, des tissus, des papiers, des matières sur un scans à plat traditionnel. Les différentes images c’est soit de la prise de vue d’objets, de personnages en numérique ou argentique, soit je pioche dans mes banques d’images personnelles que j’ai scannées, numérisées et indexées, ou bien je vais récupèrer des images dans des banques d’images plus spécialisées, pour tout ce qui est difficile à photographier soit même, c’est à dire : espace, nouvelles technologies, industrie lourde.

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    L’intégration dans votre photomontage des différents éléments, qui sont en eux-même des créations, on peut y voir l’idée d’une re-création ?

    Des éléments que j’utilise ce sont des images que l’on ne peux pas réaliser par soit même, surtout lorsque l’on parle de nouvelles technologies ou d’espace (images de la nasa). Ce ne sont pas des images qui sont obligatoirement des « oeuvres ». C’est la frontière qui existe entre le pack shot, l’image de l’objet en lui même, et une création. Ce que je pense important par rapport à l’utilisation d’images libres de droit, c’est que si on se contente de prendre une photo et de la mettre, y a pas un plus qui est rajouté. Ce qui est intéréssant c’est justement de s’approprier l’image, de la détourner peut être et de l’utiliser dans un autre sens, d’apporter un plus par rapport à çà.

    On peut donc pousser l’idée jusqu’à imaginer qu’un photomontage puisse donc à son tour être détourné, et intégré dans l’oeuvre d’un autre artiste ?

    Oui, on rentre loin dans l’appropriation, c’est à dire qu’un photomontage qui est fait de différents éléments, et qui leur donne un sens, peut être réutilisé lui même dans un autre photomontage. Oui mais çà fait parti du jeu. Il n’y a pas de problème dans ce sens là, si l’autorisation a été donnée pour être réutilisé.

    Vous avez également une démarche de travail collectif en collaboration avec d’autres artistes ?

    C’est un aspect qui m’intéresse beaucoup, dans la mesure où ce n’est pas commun en France, on le trouvre plus en Allemagne ou dans les pays anglosaxons, dont les Etats-Unis . Plusieurs artistes avec des médiums différents qui vont travailler ensemble sur un même visuel. Donc il m’arrive, le plus souvent avec des photographes, puisque je viens de cette culture de l’image.
    Ainsi deux techniques, deux regards vont se rejoindre pour construire une image finale. Je pense que c’est intéressant surtout lorsque l’on s’adresse à des spécialités. J’ai travaillé dernièrement avec le photographe Dingo sur une série d’images pour le Mondial de l’Automobile. Dingo avec son propre regard de spécialiste et de créateur par rapport à l’automobile, un domaine que je ne connais pas du tout et le fait d’apporter deux regards différents, cela permet de construire un mix, qui va avoir un plus dans le visuel final.

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    Quel serait le support idéal pour la représentation de votre travail ?

    En général je suis plus proche des supports numériques, il y a l’impression papier, les supports presse, Internet, et puis il est vrai que je me m’intéresse un petit peu à tout ce qui concerne les supports à venir, c’est à dire l’encre numérique, qui permettrait éventuellement de travailler sur des espaces qui sont plus grands au niveau de l’image, sur des murs ou sur des espaces encore plus importants. Je pense que tout çà c’est un devenir important pour tous ceux qui travaillent au niveau du visuel.

    Il y a donc une approche différente par rapport aux méthodes traditionnelles ?

    Le format est une approche différente, le lieu d’exposition, si on parle de mur, on peut parler d’interieur, d’exterieur, de rue. Et puis il y a une approche différente dans la mesure où l’on va pouvoir travailler dans le mouvement, vers un aspect plus proche du multimédia.

    En fait, c’est un nouveau langage qui se créé entre l’artiste et le spectateur, puisque l’on peut imaginer que l’œuvre puisse s’exposer dans un lieu ouvert et sortir du contexte clos et réservé d’une galerie. Une œuvre hors les murs ?

    Ou sur les murs !

    Magazine laphotographie.com
    Interview par Thierry Comparato et Mathieu de France – Avril 2001